Dés le lycée, j’ai eu l’occasion d’apprendre la prise de vue et le tirage photographique argentique, J’étais en charge du labo photo, je transmettais à d’autres élèves les techniques de développement, et nous fournissions des photos le journal des élèves et la brochure officiel du lycée, et j’organisais l’exposition de fin d’année avec les photos du Club photo. La photographie m’accompagne toujours, c’est à 15 ans que je suis passée de l’autre coté de la lentille, je me suis convertie de sujet à photographe et je me suis octroyé ce grand privilège du voyeur, du regardeur, du fabricant du regard.
Le photographe doit engager son corps pour saisir celui de ses sujets, de ses espaces, de ces champs, pour espérer lever saisir un petit bout de leurs âmes, c’est alors l’occasion de provoquer des rencontres, de créer des liens de complicité, même très furtifs, de s’immerger dans le contexte pour en relater l’ambiance.. Grace à la prise de vue , je trouve les moyens de construire mes « points de vues », de comprendre et suggérer la facilité de la manipulation des images .
de nos jours, je m’en sers principalement pour documenter et promouvoir mes travaux plastiques et d’illustration.
J’ai en fait toujours utilisé la photo pour témoigner, de mon temps de ce que j’observe « ici et maintenant », des espaces et des personnages, des événements, des paysages, la nature ou la ville. Dans mes débuts, le médium était le média, je cherchais à formaliser mon cadre, y composer une scène, forcer un sens, ou créer un esthétique, mais je perdais en spontanéité et limitait ainsi son pouvoir, son champs d’action. Grace aux manifestations étudiantes, aux festivals, aux événements d’arts alternatifs, j’ai eu accès à de nombreux visages et j’ai peu travailler le portrait, et la photo sur le vif, au travail, en action. J’ai été aussi pigiste photos pour un journal local britannique à quelques occasion. Quand je travaillais dans la coopérative de fabrication de chapiteaux, j’ai beaucoup documenté et les produits que nous fabriquions mais aussi les processus et le travail de fabrication lui même, j’ai conservé la mémoire de d’une bonne partie de cette expérience d’entreprenariat ouvrier qui s’est mal fini.
Avec les enfants, la question de la mémoire différée, à transmettre, destiné à compléter le récit familial, le conte intime de l’identité primaire, la construction enfantines, le soi primordial, comme le cri du mème nom. Avec la conscience de la temporalité, de nos mutations et transformations, la fragilité de nos êtres, la mort et la peur de l’incertitude, le besoin de témoignage de transmission, alors même que la diffusion est en suspens. J’ai le soucis de l’histoire, de l’alliance ou la confrontation du passé, du vieux, avec le présent, le contemporain. photo en est son incarnation dans ma recherche et ma pratique. La photo est aussi une aide mémoire, elle s’applique à saisir un instant « représentatif » de nos étapes de vie, de nos rencontres et les espaces dans lesquels nous avons évolués. La photographie est une compagne pour moi depuis toujours, un œil de plus, un moyen d’externaliser mon regard, e, le forçant à voir le monde, à se confronter à la réalité, a lutter contre le déni d’existence de l’altérité. Elle accompagne nos histoires singulières, et nous ouvre un prisme insoupçonné de champs, de point de vue, que nos propres yeux ne peuvent ou ne veulent pas voir. Elle laisse des images, des vestiges, des cadres, des moments figés, mais son instantanéité et sa bi-dimensionnelle nécessaires en font des images rangées, pour compenser ce manque de matière, j’ai épaissis mes supports et je suis rentrée dans un matérialiste de la couleur avec la peinture abstraite.